La réalité sur les terres rares en Ukraine

Les terres rares et minerais stratégiques occupent une place complexe dans les négociations autour de la guerre en Ukraine, mêlant enjeux économiques, géopolitiques et réalités techniques. Voici les éléments clés.

Le point sur la réalité des réserves de terres rares

Si l'Ukraine possède des réserves significatives, leur exploitation reste conditionnée à la fin du conflit, à des investissements massifs et à une réévaluation technique fiable. Les ambitions politiques, comme celles de Trump, se heurtent à une réalité économique et logistique complexe

Les principales réserves se trouvent dans les régions de Donetsk, Louhansk, Zaporijjia, Dnipropetrovsk et Kharkiv, actuellement partiellement ou totalement sous contrôle russe.

Le gisement de lithium de Shevchenkivske (Donetsk) et Kruta Balka (Zaporijjia) sont situés en zones de conflit

Des réserves significatives existent aussi à Kirovohrad et Poltava, moins touchées par les combats

L'Ukraine détient 5 % des réserves mondiales de matières premières critiques selon l'ONU16, incluant lithium (500 000 tonnes), scandium (réserves classifiées), titane et graphite

Réserves de gaz estimées à 5 400 milliards de m³, principalement dans le bassin Dnipro-Donetsk

Les estimations varient de 11,5 à 14 800 milliards $, mais ces chiffres restent contestés en l'absence d'études récentes

Les cartes géologiques datent de l'ère soviétique, sans mise à jour depuis les années 19908. Aucune évaluation commerciale moderne n'a été réalisée8.

70 % des sites sont inaccessibles en raison de la guerre ou de contrôles russes

Les technologies d'extraction nécessitent des infrastructures énergétiques stables, détruites à 40 % par les frappes russes

L'administration Trump revendique un accord sur 500 milliards $ de terres rares ukrainiennes, mais cette estimation est jugée exagérée par les experts, le marché mondial total étant évalué à 12,5 milliards $ en 2024

L'extraction de terres rares implique des procédés chimiques polluants (acides forts, déchets radioactifs), peu compatibles avec les normes occidentales


Les États-Unis cherchent à contourner la domination chinoise sur les terres rares (70 % de la production mondiale)

L'Ukraine possède 5 % des réserves mondiales de lithium, scandium, cobalt et graphite, essentiels pour les technologies vertes et militaires

Exemple : La Chine contrôle 87 % du traitement des terres rares et 91 % du raffinage, rendant les alternatives cruciales

Donald Trump exige un accès privilégié à ces ressources en contrepartie du soutien américain, transformant l'aide initialement accordée en « prêt » à rembourser via l'exploitation minière56. Cette approche a été qualifiée de « capitalisme de désastre » par des observateurs. Les terres rares servent moins de levier économique immédiat que d'outil de pression symbolique dans les négociations. Leur rôle réel se niche dans la bataille d'influence entre grandes puissances, alors que l'Ukraine tente de préserver ses actifs stratégiques dans un conflit dont l'issue reste incertaine.

Promesses et Limites

Promesses: Réserves estimées à 11 500-15 000 Md$

Réalité:  Données géologiques obsolètes (années 1990) et absence d'études récentes


Promesse:Potentiel de 3 Md$/an (20 % du marché)

Réalité: Nécessite 150 ans pour atteindre les 500 Md$ évoqués par Trump


Promesse: 34 minerais critiques identifiés

Réalité: 70 % des gisements situés en zones occupées par la Russie (Donbass, Zaporijjia)

Problèmes

  • 50 % des infrastructures énergétiques ukrainiennes détruites, rendant l'extraction minière (très énergivore) quasi impossible à court terme300 M$ requis pour un seul gisement à Novopoltavske, sans garantie de rentabilité
  • Veulent bloquer l'accès de la Chine aux ressources ukrainiennes
  • Contrôle déjà une partie des gisements et ouvre la porte à des coentreprises avec des firmes américaines dans les zones occupées

Pris en étau entre la nécessité de soutien occidental et la crainte d'une perte de souveraineté sur ses ressources

Absente des négociations clés, malgré son intérêt pour ces minerais

L'extraction des terres rares génère des déchets radioactifs et nécessite des technologies polluantes, peu compatibles avec les normes UE

Les besoins urgents de reconstruction ukrainienne (5 à 10 ans) s'opposent aux horizons d'exploitation minière (15-20 ans)

Les projections de Trump reposent sur une valorisation à 26 000 Md$ (Washington Post, 2022), contestée par les experts qui soulignent la différence entre réserves géologiques et potentiel commercial