Art et culture
L'art et l'artisanat ont toujours eu partie liée
au Japon. La forme et la fonction le surnaturel et
le quotidien y vivent en parfaite osmose. On n'y connaît
pas le tableau encadré et suspendu au mur pour y être admiré
en tant qu'oeuvre d'art. De précieuses peintures
d'époque Heian, les Yamatoe, sont nées pour illustrer des
légendes, des romans, des journaux intimes et des documents
administratifs. De superbes fleurs et animaux - surtout
des oiseaux - peints par des maîtres de l'école de Kano
à l'époque d'Azuchi-Momoyama, décoraient les paravents et
ces portes coulissantes en papier, qu'on utilise pour aménager
l'espace intérieur autant que pour se protéger du vent et
du froid.
La sculpture japonaise doit son développement au bouddhisme.
Après une période d'apprentissage, aux époques d'Asuka et
de Nara, pendant lesquelles les statues de Bouddha trahissaient
encore des traits fortement continentaux, on aboutit à une
" Renaissance " japonaise. Unkei et Tankei, ainsi que leurs
élèves de l'époque de Kamakura, n'étaient pas seulement
des busshi (ouvriers du temple), mais des sculpteurs au
sens italien du terme.
La soumission aux bornes du quotidien, qui caractérise
l'art japonais, provoqua une attention au détail
et une autodiscipline remarquable.
L'art de vivre, élaboré à l'époque de Muromachi,
n'a prévu, à des fins décoratives, qu'une alcôve : le tokonoma.
Dans cet espace de 2,4 m de haut, 1,$ m de large et de 60
cm de profondeur, on accrochait au mur une peinture sur
rouleau. On la changeait tous les mois ou lors d'événements
exceptionnels et, avec elle, tous les accessoires du décor
(fleurs, brûloir à encens). Sesshu, le maître du lavis,
savait, à l'aide d'un pinceau et d'encre de Chine, mettre
tout un univers dans cet espace. Ses San-Sui (paysages de
montagne et d'eau) donnaient une impression d'infini. Le
symbolisme de l'art japonais essaie de fixer l'intemporalité
de la nature par des moyens humains limités par le temps
ete l'espace. Les maîtres de l'estampe de l'époque d'Edo,
comme Hiroshige ou Hokusai, ne se souciaient ni des règles
de la perspective ni d'une transcription fidèle de la nature.
L'harmonie subtile entre l'éphémère et l'intemporel, fueki-ryuko,
préoccupa également le poète de hai-ku, Basho, pendant toute
sa vie. Nulle autre civilisation n'a découvert une forme
de poésie aussi courte que le hai-ku : 17 syllabes. Pour
exprimer leurs émotions dans un champ aussi restreint, poètes
ou peintres ont recours à des suggestions et à des allusions
extrêmement raffinées. L'austérité de l'ornementation devient
particulièrement sensible dans le théâtre nô. Le décor,
unique, consiste en un panneau de bois orné d'un conifère.
L'art du kabuki, issu du théâtre de marionnettes
bunraku, est moins abstrait. A l'origine spectacle de chants
et de danses, il correspond, en gros, à l'opéra européen.
Suite
du voyage au Japon
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