Apprendre le grec et le violon sert-il à quelquechose ? PDF Imprimer Envoyer
Écrit par Raphaël Richard   
Vendredi, 28 Janvier 2011 11:37

Il y a quelques années, le gouvernement Sarkozy Fillon a fait passer une réformette de l'éducation qui incluait une forte diminution du nombre d'heures de grec. Cela n'a pas provoqué d'émoi dans la société, pas plus que dans les media, tout le monde se moquant de l'apprentissage du grec ancien à l'ère de Facebook. Et pourtant, cela pourrait être lié à la chute du niveau scolaire qui transparait dans les classements internationaux des meilleurs systèmes d'éducation.

Les élèves de terminal se voit souvent donné un sujet de discertation dont on trouve les corrigés sur internet:

Un pays dans lequel n'existe plus, le soir, une chambre dans laquelle un enfant apprend le grec ou le violon est un pays perdu

Cette citation peut connue du grand publlic a pourtant marqué ma vie, bien que je n'ai jamais eu à la traiter en tant que tel.

C'est précisément mon prof de grec, monsieur Desprès, qui nous avait présentée et expliquée. Comme un certain de nombreux d'autres maximes qu'il a nous transmis, cette citation m'a durablement marquée.

L'apprentissage grec ancien ne sert à rien. On ne le parle plus nulle part, sauf dans le cadre de récitation, avec un horrible accent, dans d'obscures salles de collège.

Il en va de même du violon, qui ne sert à rien, matière probablement aussi ingrate et peu valorisée que le grec, dans une société qui porte beaucoup plus d'attention Facebook, Louis Vuitton, Michaël Vendetta, Lady Gaga et les infidélités du couple Sarkozy-Bruni. Pourtant, Facebook, Louis Vuitton, Michaël Vendetta, Lady Gaga et les Sarkozy-Bruni ne servent à rien. On s'en convaint aisément en s'imaginant un monde sans Facebook, sans Vendetta, sans Gaga et sans Sarkozy. Nous serions aussi heureux sans eux et le monde tournerait aussi bien.

Mais, dans un monde qui communique de plus en plus, qui échange de plus d'informations, possède de plus en plus d'outils de communication, tout un chacun a de moins en moins de temps pour réfléchir, analyser, comprendre, prendre du recul. On retient les petites phrases (pas longtemps). On donne de l'attention aux provocateurs (les 15 minutes de gloire d'Andy Wahrol). On vote pour les discours faciles (sans trop y croire). On fait tout cela parce que c'est facile, rapide et demande peu d'engagement.

Le grec et le violon, c'est l'inverse.

Le grec et le violon, ce n'est pas sexe.

C'est chiant.

C'est long.

Cela ne procure pas un plaisir immédiat.

Ce n'est qu'au bout de quelques années que l'on en perçoit les premiers bénéfices.

Il faut persister, accepter d'avoir mal à la tête et ne jamais recevoir aucune reconnaissance sociale.

Un vrai truc de malade.

J'ai fait 5 ans de grec et si je n'avais pas eu d'inclination particulière pour les langues, j'aurais probablement abandonné. J'ai compris à quoi cela m'avait servi, seulement en devenant adulte. Le grec et le violon enrichissent notre culture bien plus qu'ils ne nous rendent productifs. Les maths, les sciences, l'informatique, les langues nous préparent à devenir des agents économiques productifs. Et c'est très important. L'éducation a permis de radicalement transformer les sociétés modernes et constitue une des clés du développement global.

Le grec et le violon ne nous rendent pas plus productifs. Ils nous rendent plus fins. Ils nous rendent plus culturés. Ils nous rendent parfois même plus intelligents.

On parle alors de culture.

La culture est utile pour former des citoyens intelligents et responsables.

C'est la question à laquelle nous renvoiet Schwarzenberg: une nation composée uniquement des agents économiques sans réelle culture, a-t-il un avenir ?

Le paradoxe que la France réputée pour l'excellence de son système éducatif il y a encore 20 ans, a été considérablement rétrogradée dans les classements internationaux.

Des pays comme la Corée ou la Chine qui figuraient dans le milieu de classement il y a 20 ans occupent le première place du podium pour les mathématiques et les sciences. Curieuse coïncidence, ce sont des pays où l'on apprend de plus en plus le violon et le piano et qui voient émerger des virtuoses.

De là à encore conclure qu'en apprenant ni le grec, ni le violon, on fait non seulement chuter le niveau culturel d'un peuple, mais aussi son niveau d'éducation tout court, il n'y a qu'un pas.




Mis à jour le Vendredi, 28 Janvier 2011 13:56