Qui définit les prix d'achat du commerce équitable ?

S'il est une notion qui est et qui restera floue, c'est bien la définition du prix équitable. Est-ce que cela signifie que le paysan peut nourrir une famille de 4 personnes durant un an avec un travail à temps complet ? Peut-il en plus leur offrir 3 rechanges de vêtements complets à tous ? Peut-il payer les frais de scolarité à ses enfants ? Peut-il envisager d'acheter une maison ?

On pourrait encore imaginer que l'idée de justesse réside dans la répartition du prix d'achat par le consommateur final: 10% pour le producteur de fèves de cacao, 10% pour le fabricant de patte de cacao, 10% pour l'importateur, 10% pour le grossiste, 20% pour le fabricant de tablettes de chocolat, 10% pour le tranporteur, 40% pour le distributeur. De cette façon, nous saurions que lorsque nous achetons une tablette de chocolat à 2 euro, ce ne sont plus deux ou trois centimes qui reviennent au producteur mais 0,2 euro. La répartition du prix d'achat seriat plus juste.

On pourrait imaginer un prix mondial équitable de la tonne de cacao.

Mais la logique de négociation des prix échappe à ces logiques qui nous permettrait à nous en tant que consommateur d'avoir une idée plus précise, plus juste de l'intérêt de payer 50% à 100% plus cher notre tablette de chocolat.

Dans chaque pays, les producteurs se regroupent en association, en coopérative ou en groupement. En face de cela, des représentants des principales associations de commerce équitables (Max Havelaar, Fair Trade pour la Grande Bretagne ou encore Transfert pour l'Autriche) négocient avec ces regroupements afin de déterminer un prix minimum garanti pour l'année à avenir. Ces prix permettent à l'agriculteur d'être mieux rémunéré directement, mais aussi de financer des actions de formations des agriculteurs et aussi de financer des équipements collectifs pour la communauté. Une fois ces prix déterminés par ces associations, ces dernières n'achètent rien à ces regroupements de producteurs. En revanche, dès lors qu'un fabricant de chocolat (Alter Eco, Lobodis, Ethiquable, par exemple) souhaitent obtenir le label de l'une de ces associations (Max Havelaar, par exemple),  il doit s'engager à acheter au prix qui a été négocié entre l'association de commerce équitable et le regroupement de producteur. Ce prix est dit "minimum garanti" car il est, en général, supérieur aux prix de marché (défini par la dure loi de l'offre et de la demande). Mais si le prix de marché remonte au dessus du prix minimum garanti, les producteurs sont en droit de demander le prix du marché.

On ne peut donc, jamais savoir exactement la part du prix d'un produit équitable qui revient au producteur. Cela est dommage car ces produits sont souvent 50% à 100% plus couteux que les produits équivalents du commerce traditionnel.

Sachant cela, on peut se demander si au lieu d'acheter une boite de chocolat équitables "Carrefour Agir" à 8 euros, on ne ferait pas mieux d'acheter une boîte de chocolat inéquitables à 4 euros et d'envoyer 4 euros à l'association de producteurs.

En effet, car l'essentiel de la différence va dans les caisses du distributeur (Carrefour) et du fabricant européen.

Attention, ce n'est pas le cas de tous les producteurs de tablette de chocolat: les distributeurs ont une attitude très opportuniste face aux produits du commerce équitables et cherchent à maximiser leurs profits comme ils le font dans le cadre des produits traditionnels. Ils voient dans le commerce équitables une façon de faire remonter leurs prix. Mais les acteurs historiques du commerce équitable, les "vraies" marques de commerce équitables (Alter Eco, Lobodis, Ethiquable , eux, font remonter la majeure partie du prix de vente vers le producteur. Ils ont donc une démarche plus "équitable" que les marques de distributeurs (Carrefour, Leclerc...) qui gardent les marges pour eux.

Et pourtant, tous ces acteurs affichent le même label, Max Havelaar qui n'est pas une marque mais un label qui indique que les produits  de base ont été achetés au prix minimum garanti.