Corine Cachard: protéger les enfants de couples mixtes

Le début d'une histoire d'amour entre deux personnes de nationalités différentes ressemblent souvent à un rêve. Malheureusement, le rêve se transforme en cauchemard lorsque la séparation se produit et que les enfants issus de l'union sont pris en otage. Corine Cachard livre ses conseils en la matière.

En ligne.fr: Lorsqu'un couple mixte se marie, tout est nouveau, tout est beau. Comment la situationt peut-elle dégénerer au point que l'une des deux personnes en arrive à enlever les enfants ?

Corine Cachard

Lorsque la situation dégénère, c'est souvent parce que les gens non pas pris la mesure de l'ampleur des différences culturelles entre eux au delà de leur rencontre. Apprécier les différences culturelles veut dire avoir passé suffisamment de temps dans les pays et les familles respectives, s'être imprégné de la culture de l'autre. Cela permet notamment par la suite d'éviter de confondre différences culturelles, et problèmes psychologiques que peut rencontrer tout individu et ce sans différence d'origine. Enlever des enfants, c'est l'expression d'une rupture totale de communication entre soi et un système judiciaire, c'est un acte ultime de rejet des référentiels familiaux et sociaux du pays de l'autre et de perte de confiance en l'avenir de ses procédures.

En ligne.fr: Sont-ce les hommes ou sont-les femmes qui recourent le plus à ce type de procédé ?

Corine Cachard

Je ne crois pas qu'il y ait de standard en la matière; il s'agit toujours d'un acte de rupture avec une situation juridique qui vient d'être figée de par la décision d'un magistrat, et qui n'est pas acceptée par le parent qui enlève l'enfant. C'est parfois une revanche, un instrument de pouvoir pour le parent qui a été quitté, parfois simplement un acte désespéré face à la lenteur d'un système juridique. L'enfant devient instrumentalisé et se retrouve balloté, de procédure en procédure.

Quels sont les recours qui s'offrent aux parents dont les enfants ont été enlevés ?

Corine Cachard

Les recours en la matière sont limités. Le parent qui subit l'enlèvement de ses enfants peut certes demander l'application de la Convention de la Haye en la matière, mais un nombre limité de pays sont concernés.L'ambassade de France du pays dans lequel les enfants ont été enlevés sera le premier point d'appui, toujours avec talent et dévouement pour le parent démuni face à cette situation. Au delà des procédures, il faut néanmoins savoir que l'on est toujours très seul, lorsqu'il s'agit de procédures à mettre en oeuvre au delà des frontières françaises. Il faut aussi savoir que le temps est un ennemi. Les recours s'épuisent, les amis se lassent, les pistes se brouillent.

En ligne.fr: Comment débloquer une situation lorsque son enfant a été enlevé et qu'il est retenur par l'autre parent à l'étranger ?

Corine Cachard

S"il n'y a plus de contact possible avec le parent qui a enlevé l'enfant, l'appel à l'ambassade de France est la voie de recours la plus efficace, de par le sens des responsabilités des représentants de la France et de par et leur expérience en la matière. Bien qu'il s'agisse de ses propres enfants, il faut arriver à traiter leur enlèvement avec le détachement d'un dossier administratif afin de ne pas perdre son jugement dans l'émotion, et de rester le plus efficace possible, dans  l'intérêt même de ses enfants.

En ligne.fr: Faut-il signer un contrat de spécifique dans le cas d'un mariage mixte ?

Corine Cachard

Signer un contrat ne donne aucune garantie de ce que sera l'avenir. L'enlèvement d'enfants est de toute façon un acte de rejet des procédures juiridiques, un contrat sera rompu encore plus facilement qu'un jugement rendu par un juge aux affaires familiales.Un contrat en la matière ne fait que suggérer une intention des parties à un moment donné, il n'apporte aucune garantie en soi de son exécution.

En ligne.fr: Quels conseils donneriez-vous aux mères qui veulent préserver leurs enfants lorsqu'elles demandent le divorce ?

Corine Cachard

Les conseils que l'on peut donner aux mères et pères seront les mêmes: ne pas oublier que le futur ex conjoint restera toujours l'autre parent de l'enfant, et que si les deux parents peuvent être présents dans l'éducation de l'enfant, son équilibre en sera renforcé d'autant. Un divorce  devrait rester un problème d'adulte et ne pas se répercuter sur ses enfants. Dire ceci  reste banal mais les comportements et dossiers montrent que les actes des parents reflètent parfois davantage leur propre souffrance que leur volonté de préserver l'enfant. Comment ne pas redire qu'un enfant ne peut être un moyen de faire payer une rupture à la personne que l'on a pourtant aimé au point de vouloir construire sa vie ensemble ?

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